Revue Archéologique du Centre de la France, Tome 26, fasc. 2, 1987.

Notes et documents

L'intaille d'Aulnat (Puy-de-Dôme)

The intaglio of Aulnat (Puy-de-Dôme)

par Martin HENIG* et John COLLIS** Traduction de Claude CHOPELIN

1. Le contexte (John Collis)

L'intaille (illustrée précédemment dans collis 1980, pi. iva) a été trouvée en 1976 au fond d'une fosse peu profonde, creusée à 0,3 m en-dessous du niveau de La Tène existant et à quelque 0,6 m en-dessous du niveau du sol moderne dans le contexte B46AS-225-1. Ceci est à attribuer à la fosse B46AS, qui fait partie de la phase finale d'occupation à Aulnat (collis 1982 : 55, où elle a été désignée par erreur comme fosse B47AS). Les trouvailles associées à cette découverte dans la fosse comprennent plusieurs fragments de rebords d'amphore de type Dressel la et un fragment de type Dressel Ib, également des tessons d'écuelles campaniennes et de céramiques blanches méditerranéennes. La poterie d'origine locale comprend des céramiques fines de qualité proche de terra nigra, ainsi que des vases décorés à la roulette, sans doute de la même famille que ceux découverts à Gergovie (ward perkins 1940), également des productions locales classiques de La Tène finale : poteries peintes rouges et blanches, céramiques estampées imitant la fabrication campanienne, jattes d'Aulnat et gros vases à décors peignés de fabrication voisine, écuelles à rebords rentrants, etc. A signaler la présence d'une monnaie de type potin (nash, collis 1982 : 59, n° 8). La fosse contient également un fragment d'imbrex gallo-romaine. En l'état de la question, je proposerais comme date entre 50 et 30 avant J.C., encore qu'une date plus précoce ne soit pas à exclure, car l'importation de tuiles romaines a été prouvée sur au moins un site de La Tène, celui de Stanwick dans le North Yorkshire (haselgrove, turnbull 1983).

2. L'intaille (Martin Henig)

La pierre est une cornaline de couleur orange, virant au jaune. De forme ovale et convexe, elle mesure 16 mm de long, 12 mm de large, et 2 mm d'épaisseur (pour la forme, voir henig 1978 : 35, Fig. l, forme B3). Le sujet de la décoration (décrit à partir d'une empreinte) est un acteur de la Nouvelle Comédie, ou son équivalent romain, représenté debout, le corps tourné un quart sur la gauche, mais le visage de face. Il porte le masque du "premier domestique" (otiixwv Bepàirœu)1 et est vêtu d'une tunique courte qui n'atteint pas tout à fait les genoux. Dans la main gauche, il tient une extrémité de sa chlamyde rejetée par-dessus son épaule gauche et dans la main droite il porte une lanterne. Une courte ligne figure le sol.

Le style de la taille est typique de l'art de la glyptique romaine d'époque républicaine utilisant intensivement la technique de perles pour réaliser les détails du masque et de l'extrémité de la chlamyde retombant dans le dos, les articulations des bras et des jambes ainsi que les pieds de lanterne. L'ensemble a essentiellement des caractéristiques italiques, bien que le modèle soigné, l'habileté de la gravure ainsi que le choix du sujet appartiennent généralement au monde hellénistique2. L'intaille peut être daté du IIe siècle avant J.C., probablement de la seconde moitié du siècle ; évidemment il se peut aussi qu'elle ait été perdue bien plus tard.